Collectivisation tous azimuts (pp.261-266 du Kampuchéa...)

Publié le par Sacha Sher

Le collectivisme du P.C.K. ne pouvait souffrir la moindre trace d’autonomie, individuelle ou collective : « Nous nous organisons de manière à ce qu’un collectivisme absolument clair soit absolument clair, sans vestiges capitalistes; autrement nous craignons qu’il n’émerge à nouveau » (extrait du plan quadriennal) [i]. Le P.C.K. rejetait l’épanouissement étroitement individuel, et favorisait celui d’un individu collectivisé, mais continuellement absorbé par son travail au sein du groupe et sous la direction du Parti, et considérant « l’intérêt collectif comme une priorité » [ii] ou subordonnant « résolument tous les intérêts personnels et familiaux aux intérêts collectifs de la nation, de classe, du peuple et de la révolution » [iii]. Cet étouffement de l’intérêt personnel au nom de la construction et de la défense du pays, reprend les appels de Mao du temps de la Révolution Culturelle invitant à « combattre l’intérêt personnel, établir l’intérêt public » [iv] , et se reflète dans « l’esprit de Parti » que tous les communistes cherchent à fortifier dans leurs rangs. Mais la volonté de dépasser les autres expériences révolutionnaires dans ce domaine avait été rapportée par l’ambassadeur de Suède à Pékin de retour du Kampuchéa dès mars 1976 : « Les nouveaux dirigeants ne parlent ni de socialisme, ni de communisme, mais de nouvelles idées collectivistes. Ils se donnent beaucoup de mal pour effacer tout ce qui peut leur rappeler l’ancienne société » [v]. Suong Sikœun souligne que l’emploi fréquent de l’expression « nouvelles idées collectivistes » n’excluait pas l’usage des mots « socialisme » et « communisme »  [vi] .

En fait, il s’agissait d’une nouveauté toute relative, dont le principe de base était de tout nationaliser. D’après des notes d’un haut dirigeant du ministère des Affaires Etrangères au sujet des statuts du Parti : « L’âme de la Révolution Socialiste est de démolir la propriété individuelle. La révolution Socialiste (...) a réalisé le monopole dans tous les domaines (politique, économique, conscience, culture et technologie)(...) » [vii] . Et les dirigeants n’étaient simplement pas prêts à céder du terrain, comme l’exprimait la radio le 21 mars 1978 :

« Nous sommes résolus à ne pas permettre au capitalisme et au système de propriété privée de réémerger ou de reprendre du terrain dans notre société (...) Un peuple avec une conception de la vie et une idéologie socialiste sont puissants et peuvent tout réaliser, et la construction socialiste qui fait partie de leurs tâches sera remplie à pas de géants. C’est notre croyance profonde, et rien ne pourra changer notre conviction ».

L’éditorial donnait la raison de la supériorité du système socialiste :

« Nos expériences révolutionnaires passées ont prouvé que le collectivisme est plus fort que le système de propriété privée et que deux hommes sont plus forts qu’un. De plus, l’expérience pratique a prouvé que c’est ce principe et cette idéologie qui sont les facteurs les plus déterminants – et non l’équipement ou la technologie. Il est vrai que l’équipement et le savoir-faire technique sont importants, mais l’équipement et la technologie sont simplement des produits du principe et de l’idéologie » [viii].

Nous n’avons pas trouvé d’autres tentatives d’explications de la supériorité du socialisme sur les autres systèmes. Le moins que l’on puisse dire est que celle-ci ne brille pas par sa scientificité. En général, l’expression « révolution socialiste » (padevat sangkum niyum) se suffisait à elle-même, comme une sorte de panacée économique, pour indiquer un progrès par rapport à « l’état d’esclavage, de faiblesse et de désespoir des siècles passés » (27 septembre 1977). Pour Pol Pot, le simple fait de « libérer » 98-99 % du peuple et en particulier les travailleurs, pour instaurer « un nouvel ordre de production indépendant, égal, collectif et socialiste (...) signifi[ait] la libération d’une immense force de travail et de production » :

« La force de notre peuple, qui était cachée dans le passé, et souffrait de toutes les formes possibles d’exploitation et d’oppression, par manque à la fois d’initiative et de maîtrise dans la production (...) a été libérée et a complètement éradiqué l’ancien ordre exploiteur de production (...) Travailler collectivement produit d’excellents résultats tandis que travailler en privé est compliqué et infructueux » [ix] .

Alors qu’en janvier 1976, la Constitution admettait dans son article 2 que les « biens d’usage courant » « demeur[ai]ent la propriété individuelle des particuliers », dès le 17 mars 1976, la radio clamait : « C’est la première fois dans l’histoire que la propriété appartient à la collectivité » [x]. Certes, il restait du chemin. Des dirigeants du ministère des Affaires Etrangères exposaient en juillet 1976 au futur que : « Toute propriété privée deviendra propriété d’Etat du mouvement collectif si bien que nous avons la conviction que la situation dans notre pays sera bonne » [xi] . Pol Pot indiquait dans son discours du 27 septembre 1977 que la tâche de chacun était de « renforcer et étendre le système collectif socialiste dans tous les domaines ». Le journal du Parti Drapeau(x) révolutionnaire(s) indiquait en octobre-novembre 1977 que les « relations de production exploitantes ne pouvaient plus relever la tête (...) Même la production à la maison et dans la famille est aussi destinée à la collectivité. Elle n’est pas pour le secteur privé ». Ce à quoi faisaient écho des propos d’un chef militaire et administrateur de région : « Vous ne serez pas propriétaires de votre maison, car ici rien n’appartient à personne, tout appartient à tout le monde. L’Angkar [l’Organisation] mettra tout en œuvre pour tuer en vous cet instinct de propriété » [xii]. Alors que traditionnellement la grande majorité des paysans possédaient individuellement leurs moyens de production (terre, animaux de trait, charrues) tout en s’entraidant lors des récoltes, tout fut collectivisé [xiii].

Cette société nouvelle « à tous les égards » et collectivisée devait inaugurer un Cambodge nouveau, « radieux et prospère » (radio fin juin 1975). Le Plan quadriennal pour construire le socialisme dans tous les domaines d’août 1976, entendait étendre et approfondir le pouvoir d’Etat, à chaque niveau, et déclinait l’impératif que « la révolution socialiste enveloppe tout », et obtienne la victoire « à tous les niveaux » car « si elle ne s’infiltrait pas dans chaque recoin, le Parti, l’armée, le peuple, les bureaux et les ministères seraient dans la confusion, et le Plan échouerait ». Pour Pol Pot, le but était d’accroître la collectivisation « dans tous les aspects de l’économie et de la conscience du peuple à l’intérieur du Parti ». Les « Explications préliminaires à la lecture du Plan... » en donnaient des détails : « ce collectivisme n’est pas d’un genre ordinaire, mais d’une grande variété. Les méthodes de production vont être collectivisées. Les fournitures et les matériaux bruts seront collectivisés; le travail sera collectivisé, et ainsi de suite (...) Les provisions ont augmenté (...) C’est un fruit du pur collectivisme, dont la nature provient de notre révolution socialiste (...) En 1977, la nourriture sera dans les mains du Parti » [xiv]. Une autre traduction du même texte établissait ceci : « Nous suivrons le chemin collectif vers le socialisme. Si nous le faisons, les impérialistes ne pourront pénétrer le pays. Si nous sommes individualistes, l’impérialisme peut facilement pénétrer. Donc la nourriture sera collectivisée et l’habillement, la santé et le logement seront divisés selon une base collective » [xv].

Le mode d’habitation subit donc un début de révolution. Dans les provinces de Kratié, de Battambang ou de Takéo, des traces subsistaient de maisons socialistes à pièces uniques de sept mètres de côté, que le régime aurait voulu étendre à l’ensemble du pays en 1980 [xvi] . Un projet de maisons modèles (phteah kumrou) grâce auxquelles tout le monde aurait eu droit à des murs en bois et à des toits en tuiles semble avoir été lancé en 1976 et certaines de ces maisons sont toujours en place [xvii] .   Au Sud de Battambang il était demandé vers 1977 d’accoler les nouvelles constructions à celles déjà existantes, les familles étant séparées par des cloisons. Ailleurs, les maisons ne devaient comporter que trois murs, pour faciliter la surveillance des gardes.

Tel que Khieu Samphan l’avait annoncé à la radio, les champs et les vergers étaient collectivisés [xviii], et pour certains cadres locaux, la propriété commune incluait aussi les baies sauvages et les racines comestibles. Cueillir ou ramasser ne serait-ce qu’un fruit tombé d’un arbre entraînait un avertissement public, une sanction, voire une grave condamnation pour vol d’un bien appartenant à la collectivité [xix] . Les sanctions semblent avoir été particulièrement sévères en ce qui concernait les noix de coco, probablement parce que leur eau servait précieusement à réaliser du sérum glucosé [xx]. Cette proscription de la cueillette sauvage venait de haut : lors d’une réunion de hauts cadres de l’état-major général, le secrétaire du régiment 488 évoquait le problème d’un « cadre de bas niveau » qui avait « été en contradiction avec l’interdiction qui défendait de cueillir librement un fruit pour manger ». Ben Kiernan a relevé que selon des cadres du Sud-Ouest, si l’on pêchait ou si l’on cherchait un supplément de nourriture soi-même, cela revenait à instaurer le « chacun pour soi », car tout le monde ne pouvait pas se débrouiller de la même manière. Selon Drapeau(x) révolutionnaire(s) (décembre-janvier 1977-78), « si l’on se mettait à autoriser les gens à revenir manger chez eux, alors on serait sur la voie de l’égocentrisme » (ou du chacun pour soi, suon tuo niyum). Le journal du Parti n’indiquait pas comment faire accepter l’alimentation en commun. Il convenait d’expliquer la mesure « afin que petit à petit cela devienne clair » [xxi] . Mais manger en cachette valait aussi des sanctions, du renvoi des coopératives pour trahison de la collectivité (samohapheap), à la prison. Le Kampuchéa Démocratique n’était pas plus sévère qu’un autre pays « communiste ». En U.R.S.S., de 1932 à 1935, le vol de la propriété de l’Etat ou du kolkhoze était assimilé à un crime contre-révolutionnaire et pouvait entraîner de dix ans de prison à la peine capitale, après quoi les autorités semblent s’être rendues compte que les peines ne résolvaient pas le problème [xxii].

L’alimentation collective eut des effets divers selon les régions. D’après un ancien fonctionnaire de Phnom Penh déplacé dans le district modèle de Tram Kak, secteur 33 au Sud-Ouest, lieu de naissance de Ta Mok, l’instauration des repas communautaires en avril 1976 améliora l’ordinaire de sa famille, peu experte pour attraper des poissons ou trouver des subsistances à la campagne. En revanche, cela aggrava les conditions de vie des habitants de base, qui ne pouvaient plus acheter de supplément de riz aux cadres avec de l’or ! [xxiii] Un ancien étudiant en droit transféré dans le district de Tram Kak en 1977 témoignait à Michael Vickery que la famine n’y avait jamais été un problème, et que les jours de repos étaient respectés  [xxiv] . Selon Ieng Thirith, les bienfaits de la vie communautaire étaient les suivants :

« C’est plus facile pour les ouvriers, ils n’ont pas besoin de faire la cuisine. Ils font juste leur travail, et puis ils rentrent pour manger...[Les pauvres] n’ont jamais été servis auparavant, maintenant ils sont servis. Avant, les femmes devaient travailler, rentrer chez elles, acheter le poisson, le riz, faire la cuisine, s’occuper des enfants. C’était terrible. Dans la vie communautaire elles n’ont qu’à revenir du travail et manger » [xxv] .

Plusieurs personnes témoignent de ce côté pratique. Néanmoins, dans l’ensemble, il apparaît tout de même que l’alimentation en commun répugnait à beaucoup, et surtout aux femmes, qui la ressentaient comme une privation de leur rôle social ou de leur autorité sur les affaires familiales [xxvi] . Quelle que soit la quantité donnée, le proverbe cambodgien semble s’être souvent vérifié : « la nourriture venant d’une grosse marmite n’est jamais savoureuse » [xxvii]. La cuisine commune ne fut pas remise en cause à la fin de l’année 1978, alors que de nombreux changements avaient été amorcés (comme le fait de réunir les familles, y compris autour du repas). Elle était un « acquis » de la révolution [xxviii]. Et il est vrai que ce projet révolutionnaire avait de lointaines racines.

Des germes de l’ « Organisation suprême » kampuchéenne peuvent être ainsi décelés dans les décrets prévus par Babeuf et son groupe de conspirateurs. Ces décrets, inspirés de la pensée de Mably, Morelly , Rousseau et des lois de Lycurgue à Sparte, avaient été édités par les communistes français en 1957, et purent très bien avoir été ramenés par Khieu Samphan voire Ieng Sary au pays ou avoir été envoyés par Thiounn Mumm. Lisons Babeuf :

« La grande communauté nationale entretient tous ses membres dans une égale et honnête médiocrité ». « Les magistrats de chaque classe [au sens de chefs de groupes] font déposer dans les magasins de la communauté nationale les fruits de la terre et les productions des arts susceptibles de conservation ». « Il y aura dans chaque commune, à des époques déterminées, des repas communs auxquels tous les membres de la communauté seront tenus d’assister » [xxix].

Les idées de Thomas More, Fourier, Cabet, Campanella et d’autres étaient également passées dans l’imaginaire des révolutionnaires russes du temps de Tchernychevski, ou, dans les années mille neuf cent vingt, à l’instigation du commissaire du peuple à l’Instruction publique Lounatcharski qui estimait « impossible, sans le roman utopique d’inspirer aux jeunes une idée vivante de là où nous allons » [xxx] . Il n’est, partant, pas étonnant de voir Lénine projeter en 1918 de « substituer à la préparation individuelle des repas par famille l’alimentation collective de vastes groupes de familles (passage à la Massenspeisung) » [xxxi]. La Russie bolchevique des premiers temps avait elle-même expérimenté des communes modèles où l’outillage, le bétail et la consommation étaient communs, où l’argent était conservé dans les caisses communes, où les logements et les cuisines étaient communs et les repas pris en collectivité [xxxii] . Une autre influence a pu être ce qu’avait lu Pol Pot d’un ouvrage sur la Révolution française que nous avons identifié comme celui de Kropotkine. Ce dernier saluait Robespierre lorsqu’il avait prononcé une « idée franchement communiste » sans équivalent dans la pensée socialiste ou étatiste du XIXe siècle ni dans le « réchauffé » servi à l’époque « sous le nom de “ socialisme scientifique ” : les aliments nécessaires au peuple sont aussi sacrés que la vie. Tout ce qui est nécessaire pour la conserver est une propriété commune à la société entière ». Robespierre avait ainsi abandonné ses « vues propriétaires » et rejoint la Commune révolutionnaire de Paris de 1792. Kropotkine aurait aimé que la Commune de Paris eût adopté un mot d’ordre comme « la Commune organisant la consommation, le bien-être pour tous » [xxxiii] . Il concluait par un vibrant hommage au peuple français dont les idées avaient ouvert de larges horizons à l’humanité pour les siècles à venir. Selon sa propre interprétation, Fourier était l’héritier de l’Ange et de Chalier, Babeuf et Buonarotti n’avaient fait que systématiser les revendications populaires et fondé les premières sociétés secrètes, et Babeuf s’était fortement inspiré de Morelly et de Mably.



[i] Chandler, Kiernan, et Boua, Pol Pot Plans The Future, p.108.

[ii] Ieng Sary’s Regime : a Diary of the Khmer Rouge Foreign Ministry, 1976-1979, pp.17-18.

[iii] Extrait des résolutions prises lors du grand rassemblement du 17 avril 1978, S.W.B., BBC, 18 avril 1978. 

[iv] Kenneth M. Quinn, Explaining the terror, in Jackson, Cambodia 1975-1978, p.227.

[v] « Pourquoi les Khmers tuent-ils les Khmers? », Time (NY, 26 avril 1976), traduit dans Problèmes politiques et sociaux, n°295, 15 octobre 1976, p.39.

[vi] Communication personnelle, 28 janvier 2000.

[vii] Ieng Sary’s Regime : a Diary of the Khmer Rouge Foreign Ministry, 1976-1979, p.3, trad.: Phat Kosal et Ben Kiernan. Cambodian Genocide Program, Yale, janvier 1997, consultable sur le site internet: http://www.yale.edu/cgp.

[viii] S.W.B., BBC, 28 mars 1978.

[ix] « Speech by Pol Pot », S.W.B., BBC, 5 Oct. 1977, C/12-14. De même, Khieu Samphan, lors de la célébration de la révolution, en avril 1978, parlait d’une situation splendide dans tous les domaines qui permettrait de remplir les nouvelles tâches du Parti par « grands bonds dans tous les domaines » car tous étaient déterminés à « soutenir résolument l’intérêt collectif de la nation, de classe, du peuple et de la révolution au-dessus des intérêts individuels et familiaux » (S.W.B., Far East, BBC, 18 avril 1978).

[x] Ponchaud, op. cit., p.144, rééd. 1998, p.149.

[xi] Ieng Sary’s Regime : a Diary of the Khmer Rouge Foreign Ministry, 1976-1979, p.32. www.yale.edu/cgp.

[xii] Boun Sokha, Cambodge: la massue de l’Angkar, Atelier Marcel Jullian, 1979, p.87-88.

[xiii] May Ebihara, « Revolution and Reformulation…», in Ablin The Cambodian Agony, pp.17, 26.

[xiv] Chandler, Kiernan, et Boua, Pol Pot Plans The Future, pp.183-187, 207-208. Le même texte est commenté par Chandler dans « A Revolution In Full Spate », in Ablin & Hood, op. cit., pp.168 sq. A Spen, au Nord, à Chamkar Lœu, la cuisine communautaire était instaurée à partir de septembre 1976 (Alain Forest & Françoise Corrèze, Cambodge à deux voix, l’Harmattan, 1984, p.175).

[xv] D.W. Ashley, Pol Pot Peasant and Peace, Continuity and change in Khmer rouge Political Thinking, 1985-1991, nov.1991, Institut of Asian Studies, Chulalongkorn University, p.10. Ashley cite Pol Pot Plans The Future, p.156.

[xvi] Ida Simon-Barouh et Yi Tan Kim Pho, Le Cambodge des Khmers rouges,… pp.111, 131. Ang Choulean, « le régime khmer rouge » op. cit., mai 1984, p.118.

[xvii] Communication personnelle de Steve Heder, 13 avril 2002.

[xviii] David P. Chandler, The Tragedy of Cambodian History, pp.259, 262.

[xix] Laurence Picq indique qu’une personne ayant bravé l’interdit de cueillir des noix de cocos fut mutée, op. cit., p.39. Version dactylographiée p.204 : elle ramasse une noix de coco « malgré l’interdiction ». Vickery , Cambodia 1975-1982, p.108 (femme enceinte tuée pour avoir ramassé une banane, après quoi le cadre responsable fut arrêté pour meurtre). Kèn Khun, De la dictature…, p.88 : tueur et mangeur de poulet simplement attaché à une colonne de réfectoire pour être montré au public. Tribunal populaire révolutionnaire siégeant à Phnom Penh ... 1979, Phnom Penh, réédition de 1990, p.14, 45 : un voleur d’épis de maïs fut condamné à mort; ceux qui avaient reçu trois avertissements étaient condamnés à mort; un enfant de 10 ans ayant dérobé une banane fut tué à coups de crosse et taxé d’opposant. Id., Témoignage de Denise Affonço, pp.65 et 73 : exécution d’un homme ayant déraciné du manioc, à Phnum Tralok, Battambang ; « En 1977, personne n’était autorisé à ramasser des épis de paddy et à faire cuire du riz individuellement. En 1978, ils nous laissent libres de faire ce que nous voulions, ramasser les épis de paddy, les peler et faire cuire du riz ». M-A Martin « La politique alimentaire des Khmers rouges », Etudes Rurales, juillet-décembre 1985, n°99-100, p.362 : un homme grimpant à un manguier est tué à coup de fusil, des enfants dérobant riz, sel, légumes sont battus à morts par leurs chefs, des enfants du même âge.  Y Phandara, op. cit., p.169 et 209 : « un jeune homme qui, poussé par la faim, avait volé quelques tubercules de manioc, fut ligoté et emmené ». Pin Yathay, op. cit., p.198: « Seuls les Khmers rouges avaient le droit de cueillir les fruits ». Gail Sheey, l’enfant khmère ou l’instinct de survie, p.84 et 64 : « La règle interdit de cueillir des fruits ». Mœung Sonn décrit comment un enfant prisonnier d’environ 10 ans coupable d’avoir volé de la nourriture, devait être éventré, par lui, ou par un autre garçon, op. cit., p. 105 et 260. Molyda Szymusiak, Les crieront, une enfance cambodgienne, La Découverte, 1984, p.82. Nguyen Khac Vien et Françoise Corrèze, Kampuchéa 1981, témoignages, supplément spécial de Doankêt, 1981, p.49 : « J’ai vu un enfant de 8 ans condamné pour une poignée de maïs ». Témoignages sur le génocide du Cambodge, n° spécial d’Item, juillet-août 1976, p.91 : deux personnes grimpant à un manguier furent abattus pour avoir voulu « s’approprier les biens du peuple ». Norodom Sihanouk, Prisonnier des Khmers rouges, p.47. Ong Thong Hoeung, Illusions perdues, version inédite de septembre 2001, pp.61, 78, 80.

[xx] Ida Simon-Barouh et Yi Tan Kim Pho, Le Cambodge des Khmers rouges,… p.132. 

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